Written by: Jérémie Proulx
Edited by: Iris Bisson
Avec l’arrivée de l’automne et la température qui baisse, les achats de vêtements dans les centres commerciaux et sur les sites en ligne sont plus nombreux que jamais. Toutefois, avant d’acheter, prenez un instant pour vous poser une simple mais très importante question : savez-vous vraiment ce qui compose ce vêtement ?
Si, comme moi, vous êtes un intello des tissus, vous avez sans doute déjà la réponse. En revanche, même si vous avez une idée des différents tissus utilisés dans l’industrie du vêtement, c’est une tout autre affaire de pouvoir deviner la composition d’une pièce en particulier. Si cela vous concerne, prenez la peine de jeter un coup d’œil sur l’étiquette de composition qui se trouve à l’intérieur de chaque vêtement.
Or, cet acte de curiosité - quoique bien important - ne vous éclaircira pas forcément sur la qualité du vêtement, la provenance de ses matériaux ou son empreinte écologique. D’où l’utilité de ce guide à l'étudiant, ayant pour but de démystifier la réalité en ce qui concerne les tissus que l'on retrouve le plus souvent dans nos vêtements.
Coton
Certes, le coton est composé de fibres naturelles. Cependant, pour arriver au fameux t-shirt en coton classique, des quantités excessives de pesticides, d’eau et d’énergie sont utilisées. En effet, alors que seulement 2,5 % des terres agricoles sont réservées au coton conventionnel, environ 20 % de l’utilisation mondiale de pesticides provient de la production de ce dernier (Organic Trade Association). En ce qui concerne la consommation d’eau, un seul t-shirt en coton classique requiert près de 3 000 litres d’eau (The Conscious Challenge, 2019), une quantité largement attribuable aux systèmes d’irrigation excessive. Ce type de culture est souvent tenue responsable de l'assèchement de la mer d’Aral, située entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, ainsi que de l’appauvrissement des nappes phréatiques, ces réservoirs d’eaux souterraines qui alimentent traditionnellement les puits et les sources d’eau potable (Mars’elle, 2018).
Toutefois, il y a une excellente alternative au coton conventionnel : le coton biologique. Non seulement nécessite-t-il 91% moins d’eau que son homologue, mais il est également plus doux, souple et anallergique (Maison FT). Il importe également d’ajouter que le coton organique est fait de graines naturelles, qui n’utilisent pas de pesticides ou d’autres produits chimiques dangereux. Finalement, ce type de culture contribue à la fertilité des sols grâce à la rotation des cultures. Bref, l’option biologique est l’option à privilégier lorsque vient le temps d’acheter son nouveau t-shirt en coton !
Polyester
Le polyester (polytéréphtalate d’éthylène ou PET) est la fibre synthétique la plus couramment utilisée, particulièrement en raison de sa bonne résistance à l'eau, à l’abrasion et aux déchirures, en plus de sa durabilité et sa capacité à sécher rapidement. Cependant, puisqu’il s’agit d’une matière dérivée du pétrole, non seulement le polyester n’est pas biodégradable, mais chaque kilogramme de ce dernier est responsable de l’émission de plus de 10 kg de dioxyde de carbone (CO2) équivalent. Pour une même quantité de coton organique, cette quantité est réduite de 78 % (8 Billion Trees, 2024). Le second problème majeur rattaché au polyester s’agit des microplastiques qui s’en détachent, particulièrement lors des premiers lavages en machine : « Une seule lessive de vêtements en polyester peut libérer 700 000 fibres microplastiques, qui peuvent ensuite se retrouver dans la chaîne alimentaire. La majorité des microplastiques des textiles est libérée lors des premiers lavages. La fast fashion est basée sur une production de masse, des prix bas et des volumes de vente élevés qui favorisent de nombreux premiers lavages » (Parlement européen).
Il est ainsi plus important que jamais de conserver, réparer et échanger ses vêtements lorsque ceux-ci sont faits en polyester. Il existe également des sacs conçus pour le lavage des vêtements en polyester qui s’assurent que les microplastiques qui se détachent ne se retrouvent pas dans l’eau.
Nylon
Une autre fibre synthétique bien répandue sur le marché s’agit du polyamide, plus connu sous le nom de nylon. Grâce à son élasticité, à sa bonne résistance et à sa légèreté, cette fibre est généralement utilisée dans la confection de collants, de maillots de bain et de vêtements de sport. Or, tout comme le polyester, le nylon est issu de la pétrochimie et nécessite un processus de fabrication affreusement polluant et énergivore. Son processus de fabrication génère des quantités considérables d’oxyde nitreux, un gaz à effet de serre environ 300 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (Gouvernement du Nouveau-Brunswick, 2011). Quant à l’utilisation d’eau et de matières dangereuses, le nylon ne score pas plus haut. En effet, « pour la confection d'une seule paire de collants, il faut compter pas moins de 14 000 kilomètres de fils, 750 litres d'eau et une grande quantité de teintures allergènes » (Le Nouvel Obs, 2018).
Une bonne alternative au nylon traditionnel s’agit de l’Econyl. Son nom le dit, c’est du nylon écologique vu qu’il est recyclé. En effet, l’Econyl est composé principalement de débris de plastique collectés dans les océans et les déchèteries (We Dress Fair). Ayant des propriétés quasiment identiques à celles du nylon conventionnel, il peut ainsi le remplacer dans les collants, les vêtements de sport et les maillots de bain !
Tout bien considéré, l’utilisation de chacune des fibres qui composent nos vêtements comporte ses propres défis, mais également ses solutions. Que ce soit du coton biologique, de l’Econyl ou même du chanvre – oui, oui, du chanvre ! – de nouvelles alternatives et des solutions émergent continuellement. Ainsi, il est dorénavant critique de vous tenir informé sur les pratiques de vos marques de vêtements préférées et, bien sûr, de regarder cette fameuse étiquette de composition avant chaque achat !
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References:
KILGORE, G. « Carbon Footprint of Polyester vs Cotton vs Wool vs Leather vs Nylon (Calculator) », 8 Billion Trees, [En ligne], 15 mars 2024. https://8billiontrees.com/carbon-offsets-credits/carbon-footprint-of-polyester/
MAISON FT. Coton biologique VS coton conventionnel : Quelle est la différence ?, [En ligne]. https://www.maisonft.com/blogs/news/coton-biologique-vs-coton-conventionnel-quelle-est-la-difference?srsltid=AfmBOoqfGXOFNH83fQSQhSgscDB2EKNxTPiQVUjHULDKUav-BmjWlC0L
MARS’ELLE. Entre le coton biologique et le coton conventionnel, la guerre de l’eau est déclarée !, [En ligne], 5 juin 2018. https://www.mars-elle.com/entre-la-culture-biologique-et-conventionnelle-du-coton-la-guerre-de-leau-est-declaree/
MOULINET, M. « Les collants, l’un des pires pollueurs de la mode », Le Nouvel Obs, [En ligne], 30 mars 2018. https://www.nouvelobs.com/mode/20180329.OBS4370/les-collants-l-un-des-pires-pollueurs-de-la-mode.html
ORGANIC TRADE ASSOCIATION. Organic cotton : It’s better for the environment, and here’s why, [En ligne]. https://ota.com/organic-cotton-it%E2%80%99s-better-environment-and-here%E2%80%99s-why
PARLEMENT EUROPÉEN. Production et déchets textiles : Les impacts sur l’environnement, [En ligne]. https://www.europarl.europa.eu/topics/fr/article/20201208STO93327/production-et-dechets-textiles-les-impacts-sur-l-environnement-infographies#:~:text=Pollution%20de%20l'eau&text=Une%20seule%20lessive%20de%20v%C3%AAtements,lib%C3%A9r%C3%A9e%20lors%20des%20premiers%20lavages.
THE CONSCIOUS CHALLENGE. Water & Clothing, [En ligne], 15 juillet 2019. https://www.theconsciouschallenge.org/ecologicalfootprintbibleoverview/water-clothing
WE DRESS FAIR. Qu’est-ce que l’econyl® (nylon recyclé) ?, [En ligne]. https://www.wedressfair.fr/matieres/econyl-nylon-recycle?srsltid=AfmBOooZInrg0C4cdHYqVTLcDpu8fjuVuMPSXNk4h8KEUZW5eoIq0glX
ZEBARTH, Bernie et al., « Réduire les émissions d’oxyde nitreux dans la production de pommes de terre au Nouveau-Brunswick », Gouvernement du Nouveau-Brunswick, [En ligne]. https://www2.gnb.ca/content/dam/gnb/Departments/10/pdf/Agriculture/OxydeNitreux.pdf
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